mardi 16 février 2016

Le Corbeau et le Renard, analysée par Louis Moland.

le-corbeau-et-le-renard-engene-lambert1La fable du Corbeau et du Renard est aussi de celles qu’une antique tradition a le plus constamment renouvelées. Elle est dans Ésope, dans Phèdre, dans le Romulus. Les trouvères du Roman de Renard en firent une branche de leur poème intitulée : « Si comme il (Renard) concilia le corbel dou froumaige. » Dans ce récit fort étendu, il y a des traits excellents. Renard, en apercevant Tiercelin le corbeau, s’écrie :
Par le saint Dieu, qui vois-je là?
Hé, Dieu vous saut (sauve), sire compère !
Bien ait l’ame vostre bon père
Dan Rohart qui si sçut chanter!
Maintes fois l’en oï vanter,
Que n’en avoit le pair (le pareil) en France ;
Et vous mesmes, en vostre enfance,
Vous en soliez moult pener…

La flatterie est ici, comme on voit, moins directe, amenée de plus loin que dans la fable de La Fontaine. D’autre pari, Tiercelin ne lâche pas son fromage si vite. Il le tient, non dans son bec (ce qui paraissait sans doute invraisemblable à nos trouvères), mais entre ses griffes. Le prétendu chanteur fait plusieurs essais que Renard encourage et applaudit ...lire la suite

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