mercredi 17 février 2016

Anecdotes sur La Fontaine

 

Quelques réflexions sur la vie et les ouvrages de Jean de La Fontaine , les uns sont pour et les autres sont contre, oui mais, il ne laisse personne indifférent :
Saint-Marc Girardin
    • « L’arrestation et la captivité de Fouquet furent une grande épreuve pour la fidélité de ses amis. Beaucoup d’amis de Fouquet y succombèrent; La Fontaine en sortit pur et glorieux. Sa fidélité à Fouquet fait partie de sa renommée. »
    • Vers 1666,avec Molière, Racine et- Chapelle, La Fontaine venait souvent, — deux ou trois fois par semaine, — souper au faubourg Saint-Germain, dans le logement que Boileau habitait rue du Vieux-Colombier.
      « Ils causaient de tout, dit M. Saint-Marc Girardin, des anciens, des modernes, de la tragédie, de la comédie, des règles du théâtre; ils s’entretenaient aussi de leurs ouvrages. Dans ces conversations, La Fontaine était ou très-distrait ou grand parleur et grand argumentateur, toujours vivement possédé de ses idées, soit qu’il s’entretînt avec elles, soit qu’il les répandît au dehors. Etait-il dans ses rêveries, il était impossible de l’en tirer; mais ces rêveries ne faisaient pas que ses amis estimassent moins son génie; et même Molière semblait mettre La Fontaine au-dessus de Racine et de Boileau. Un jour qu’il soupait avec Racine, Boileau, La Fontaine et Descoteaux, fameux joueur de flûte, La Fontaine était encore plus qu’à l’ordinaire plongé dans ses distractions. Racine et Boileau, pour le tirer de sa léthargie, se mirent à le railler si vivement, qu’à la fin Molière trouva que c’était passer les bornes. Au sortir de table, il poussa Descoteaux, dans l’embrasure d’une fenêtre, et, lui parlant d’abondance de cœur, il dit: « Nos beaux esprits ont beau se trémousser, ils n’effaceront pas le bonhomme. » « Saint-Marc Girardin »
    • La Fontaine est un de ces poètes qui, par la vérité et la vivacité de leur peinture, font que les grands lieux communs de la vie humaine nous émeuvent, comme s’ils venaient de nous toucher personnellement. Il a sa manière de traiter ces grands lieux communs. Il ne faut point par exemple, lui demander de parler de la mort et de l’instabilité de la vie comme le fait Bossuet; mais, pour être moins grave et moins triste, sa manière n’est pas moins efficace et moins instructive… L’orateur et le fabuliste traitent le même lieu commun avec la même vivacité, quoique avec des sentiments différents, l’un gourmandant notre orgueil par la représentation de notre néant, l’autre mettant dans une petite comédie sans aigreur un centenaire qui ne veut pas mourir encore. Bossuet dit, dans son oraison funèbre de la duchesse d’Orléans, qu’elle fut douce avec la mort; je dirais volontiers que La Fontaine est bonhomme avec la mort. » (St. Marc Girardin, T. II, 15, 19.)

Citations et maximes de Florian en images

Chacun de nous connaît bien ses défauts;
En convenir, c’est autre chose:
On aime mieux souffrir de véritables maux,
Que d’avouer qu’ils en sont cause.
FLORIAN, la Taupe et les Lapins.

La reine et le Nain jaune

Madame d’Aulnoy

La reine et le Nain jaune
Il était une fois une reine à laquelle il ne resta, de plusieurs enfants qu’elle avait eus, qu’une fille qui en valait plus de mille : mais sa mère se voyant veuve, et n’ayant rien au monde de si cher que cette jeune princesse, elle avait une si terrible appréhension de la perdre, qu’elle ne la corrigeait point de ses défauts ; de sorte que cette merveilleuse personne, qui se voyait d’une beauté plus céleste que mortelle, et destinée à porter une couronne, devint si fière et si entêtée de ses charmes naissants, qu’elle méprisait tout le monde.
La reine sa mère aidait, par ses caresses et par ses complaisances, à lui persuader qu’il n’y avait rien qui pût être digne d’elle : on la voyait presque toujours vêtue en Pallas ou en Diane, suivie des premières dames de la cour habillées en nymphes ; enfin, pour donner le dernier coup à sa vanité, la reine la nomma Toute-Belle ; et, l’ayant fait peindre par les plus habiles peintres, elle envoya son portrait chez plusieurs rois, avec lesquels elle entretenait une étroite amitié. Lorsqu’ils virent ce portrait, il n’y en eut aucun qui se défendît du pouvoir inévitable de ses charmes : les uns en tombèrent malades, les autres en perdirent l’esprit, et les plus heureux arrivèrent en bonne santé auprès d’elle ; mais sitôt qu’elle parut, devinrent ses esclaves.
Il n’a jamais été une cour plus galante et plus polie. Vingt rois, à l’envi, essayaient de lui plaire ; et après avoir dépensé trois ou quatre cents millions à lui donner seulement une fête, lorsqu’ils en avaient tiré un  » cela est joli », ils se trouvaient trop récompensés. Les adorations qu’on avait pour elle ravissaient la reine ; il n’y avait point de jour qu’on ne reçût à sa cour sept ou huit mille sonnets, autant d’élégies, de madrigaux et de chansons, qui étaient envoyés par tous les poètes de l’univers. Toute-Belle était l’unique objet de la prose et de la poésie des auteurs de son temps : l’on ne faisait jamais de feux de joie qu’avec ces vers, qui pétillaient et brûlaient mieux qu’aucune sorte de bois....

mardi 16 février 2016

Fables de La Fontaine en images

Quelques fables de Jean de La Fontaine en images, dont "La Cigale et la Fourmi", "La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf" etc... d'autres images de fables sont ici...






Le Corbeau et le Renard, analysée par Louis Moland.

le-corbeau-et-le-renard-engene-lambert1La fable du Corbeau et du Renard est aussi de celles qu’une antique tradition a le plus constamment renouvelées. Elle est dans Ésope, dans Phèdre, dans le Romulus. Les trouvères du Roman de Renard en firent une branche de leur poème intitulée : « Si comme il (Renard) concilia le corbel dou froumaige. » Dans ce récit fort étendu, il y a des traits excellents. Renard, en apercevant Tiercelin le corbeau, s’écrie :
Par le saint Dieu, qui vois-je là?
Hé, Dieu vous saut (sauve), sire compère !
Bien ait l’ame vostre bon père
Dan Rohart qui si sçut chanter!
Maintes fois l’en oï vanter,
Que n’en avoit le pair (le pareil) en France ;
Et vous mesmes, en vostre enfance,
Vous en soliez moult pener…

La flatterie est ici, comme on voit, moins directe, amenée de plus loin que dans la fable de La Fontaine. D’autre pari, Tiercelin ne lâche pas son fromage si vite. Il le tient, non dans son bec (ce qui paraissait sans doute invraisemblable à nos trouvères), mais entre ses griffes. Le prétendu chanteur fait plusieurs essais que Renard encourage et applaudit ...lire la suite

Portrait de Jean de La Fontaine

Portrait de Jean de La Fontaine

— Jean de la Fontaine naquit, le 8 juillet 1621, à Château-Thierry. Son père était maître des eaux et forêts, et sa mère, Françoise Pidoux, fille d’un bailli de Coulommiers. Son éducation paraît avoir été fort négligée; on lui laissait lire, à l’aventure, tout ce qui lui tombait sous la main; et, de bonne heure, il prit l’habitude d’obéir à son caprice ou aux impressions du moment. Quelques livres de piété prêtés par un chanoine de Soissons ayant ému son imagination, il crut d’abord qu’il avait du goût pour l’état ecclésiastique ; et, vers sa vingtième année, il entrait à l’institut de l’Oratoire, puis au séminaire de Saint-Magloire, à Paris1. Mais il s’aperçut vite de sa méprise, et en 1641 revint chez son père, qui, dans l’espoir de ranger à la règle un fils trop désœuvré, s’empressa de le marier2, et de lui assurer la survivance de sa charge. Ce fut encore une erreur. Car sa vocation conjugale3 n’était pas plus sérieuse que l’autre; et ses inadvertances ne tardèrent point à le rendre aussi oublieux de son foyer que de son office. Des deux côtés, il ne vit qu’une sinécure, et des prétextes aux distractions insouciantes.
Tandis que, sous apparence d’inspecter les forêts, il promenait sa rêverie à l’ombre des bois soumis à sa juridiction4, une ode de Malherbe5 qu’il entendit réciter à un officier éveilla par hasard ses instincts poétiques6. Il se mit donc à lire nos vieux auteurs, surtout Rabelais, Marot, et ces fabliaux qui meublaient encore les bibliothèques de province. Épris d’une vive passion pour les pastorales de Racan, il s’essaya même à traduire librement l’Eunuque de Térence7 (1654).
Remplissez l’air de cris en vos grottes profondes,
Pleurez, nymphes de Vaux, faites croître vos ondes,
Les destins sont contents ; Oronte est malheureux 9.
Tout en prouvant qu’il aimait un bienfaiteur plus que ses bienfaits, il exerça sur l’opinion une influence clémente, et, mieux que tout avocat, réussit à changer en pitié la malignité publique. Aussi pouvait-il dire à bon droit :J’accoutume chacun à plaindre son malheur ...
  • L’épicurien.

  • — Le Songe de Vaux une fois évanoui par la captivité de l’enchanteur, il retomba dans ses péchés mignons, et dépensa son temps, sa fortune ou son esprit, sans savoir comment, au jour le jour, au service de tous. Nul n’ignore de quelle façon expéditive il mangea son fonds avec son revenu 11. Ses confessions plus enjouées qu édifiantes nous dispensent d’entrer en des détails qui n’intéressent que sa vie privée ; nous ne suivrons donc pas les allées et venues de ce pigeon voyageur que « le plaisir de voir et l’humeur inquiète » égaraient loin de son nid. S’il visitait parfois Château-Thierry, c’était seulement pour y vendre quelque bout de terre, lorsqu’il fallait apaiser des créanciers trop pressants12. Il y a toute une légende sur les dissipations de ce volage qui serait sans excuse, s’il ne nous’ désarmait par un air d’inconscience tellement ingénue qu’on est tenté de lui pardonner ses étourderies comme à un enfant auquel la raison n’est pas encore » venue. Mais laissons dans l’ombre des faiblesses dont il fit pénitence, aux heures tardives du repentir.
    Nous n’insisterons pas non plus sur les débuts qui révélèrent au public un talent de conteur qu’on ne peut louer sans en condamner l’emploi. Disons pourtant que la duchesse de Bouillon, nièce de Mazarin, partage la responsabilité morale du poète. Car ce fut elle qui l’engagea dans un genre où il avait pour précurseurs, outre les trouvères de race gauloise, Rabelais, Bonaventure Despériers et la reine Marguerite de Navarre, sœur de François Ier, sans parler de Boccace, de l’Arioste et du Pogge. Il figure donc ici en glorieuse compagnie; mais n’y cherchons pas les circonstances atténuantes d’une licence qu’aggrave la perfection littéraire à laquelle il dut l’équivoque popularité d’un succès assez compromettant pour que Louis XIV lui en ait gardé longue rancune.
  • Le fabuliste (1668).

    — Ce méfait d’une jeunesse trop persistante, il eut du reste à cœur de le faire oublier, au moins si l’on en juge par la préface de son premier recueil, composé de six livrets, qui parurent en 1668, sous ce titre modeste : Fables d’Ésope mises en vers par M. de. la Fontaine. En les dédiant au dauphin, à l’élève de Montausier et de Bossuet, il annonçait la bonne volonté de s’amender et de se réhabiliter. Il était temps ! ne touchait-il pas à la cinquantaine ?
    L’illustre imprévoyant vivait alors au Luxembourg, sous le patronage d’Henriette d’Angleterre, dont il était gentilhomme ordinaire : fonction qui ne déroba rien à ses loisirs; car il semble que tous ses protecteurs se soient entendus pour respecter cette bienheureuse et féconde paresse qui était comme la. muse du voluptueux rêveur. Mais la mort précipitée de la duchesse d’Orléans lui ravit tout à coup la sécurité du lendemain. Il allait donc, comme la cigale, se trouver fort dépourvu, si un dévouement généreux n’eût été sa providence. Grâce à l’hospitalité de Mme de la Sablière dont les prévenances délicates corrigèrent envers lui les. torts de la fortune ou plutôt de son caractère, il put, durant vingt ans et plus, goûter, parmi les charmes d’une société spirituelle autant que distinguée, les bienfaits d’une libéralité discrète, et la douceur d’une amitié familière, mais respectueuse. Près de cette femme aimable, qui, savante sans afficher la science, et bonne sans ostentation, répara des légèretés mondaines par la pratique de la charité chrétienne13, puis par une conversion aussi sincère qu’éclatante (1683), on comprend que La Fontaine ait dit avec l’accent d’une tendre gratitude :
    Qu’un ami véritable est une douce chose !
     
    Ayant dès lors « bon souper, bon gîte et le reste », c’est-à-dire l’indépendance, les libres entretiens, l’intimité des affections choisies et toutes les joies de l’esprit, il ne cessa plus de s’appartenir sans réserve, et de s’abandonner aux enchantements de son imagination. C’est ce qu’atteste son second recueil de fables qui comprenait cinq livres, et parut en deux parties (1678 et 1679). Il s’y déploie dans la plénitude et la variété de son génie, sous les formes à la fois les plus vives et les plus sévères. Voilà son chef-d’œuvre. Car il y aura des inégalités de verve dans le douzième et dernier livre, qu’on appela le chant du cygne, et qui, destiné au jeune duc de Bourgogne, ne vit le jour qu’en 1694.

    1. Il y entraîna son frère Claude, qui persévéra.
    2. Il épousa en 1647 Marie Héricart, qui avait de la beauté, de l’esprit et aimait beaucoup trop les romans.
    3. Le seul signe qu’il en ait donné est cette exclamation qui lui échappe dans Philémon et Baucis :
    Ils s’aiment jusqu’au bout, malgré l’effort des ans.
    Ah! si…. Mais autre part j’ai porté mes présents.
    4. Il avoue n’avoir appris que par un dictionnaire les termes de l’art forestier, ce qu’est un bois en grume, un bois marmenteau, un bois de touche.
    5. Le sujet de cette ode était un des attentats sur la personne d’Henri IV : Que direz-vous, races futures, etc. ?
    6. Il composa des odes, et très-mauvaises, du moins au goût de son ami Maucroix, qui l’engagea fort à étudier les anciens.
    7. C’était le temps où paraissaient les premières pièces de Molière.
    8. recevait mille francs sur la cassette de Fouquet.
    9.« En cette pièce, comme dans son discours en vers à Mme de la Sablière, sur l’idée de se convertir, comme dans Philémon et Baucis, ou le Songe d’un habitant du Mogol, il rencontrait pour l’expression de ses vœux, de ses regrets et de ses goûts un alexandrin plein et facile qui se loge de lui-même dans la mémoire, et qui est à loi autant que ceux de Corneille et Racine leur appartiennent ». Sainte-Beuve.
    10. Quelques années après, passant par Amboise La Fontaine voulut visiter la chambre du château ou Fouquet avait été prisonnier. Ses larmes coulèrent avec amertume, et « sans la nuit, on n’auroit pu, dit-il, l’arracher de cet endroit. »
    11 Jean s’en alla comme il étoit venu,
    Mangeant son bien avec son revenu,
    Tint les trésors chose peu nécessaire.
    Quant à son temps, bien le sut dispenser :
    Deux parts en fit, dont il souloit passer
    L’une à dormir, et l’autre à ne rien faim.
    12. Son bien seul y passa ; car il n’y avait pas communauté entre sa femme et loi, de sorte qu’elle put vivre à l’abri du besoin.
    13. Elle est aussi pour hôte et commensal le voyageur Bernier. Son mari a laissé des madrigaux agréables.

    Merlet, Gustave. Etudes littéraires sur le théâtre de Racine, Corneille et Molière. Chanson de Roland, Joinville, Montaigne, Pascal, La Fontaine, Boileau, Bossuet, Fénelon, La Bruyere, Montesquieu, Voltaire et Buffon. 1882.  (Portrait de Jean de La Fontaine)
  • La suite sur : ruedesfables.net


  • Esope : une vie en images

     

    Du Pays d’Esope, de sa condition et de sa personne.

    Il en faut croire Planude, Camerarius, et quelques autres, Esope naquit à Ammorius Ville de la Grande Phrygie. Il y en a qui le font Thracien, d’autres Samien. Il était Esclave et le plus difforme de tous les hommes. Il avait la tête en pointe, le nez plat, les lèvres grosses; Il était bossu par devant et par derrière. Il avait le ventre d’une grosseur prodigieuse, les jambes tortues et le teint si basané qu’il donna lieu a son nom, car Esope et Éthiopien c’est la même chose.
    …Outre le malheur d’être l’homme du monde le plus contrefait, il avait encore une si grande difficulté à parler, qu’à peine pouvait-on entendre ce qu’il disait. C’était celui de ses défauts qui lui faisait, dit-on, le plus de peine : car d’ailleurs la beauté de son esprit l’aurait en quelque façon dédommagé de la figure hideuse de sa personne …
    …Esope et ses Camarades sont conduits à Éphèse....lire la suite

    Jean-Baptiste Oudry

    Jean-Baptiste Oudry
    Jean-Baptiste Oudry


    Iconographie des fables de La Fontaine : Oudry

    Jean-Baptiste Oudry, né à Paris le 17 mars 1686 et mort à Beauvais le 30 avril 1755, est un peintre et graveur français.
    (Oudry et Cochin) – Jean-Baptiste Oudry avait, dans ses moments perdus, composé 276 dessins sur 245 sujets empruntés à La Fontaine3. Louis de Montenault les utilisa dans la magnifique édition qu’il publia des Fables de La Fontaine en quatre volumes de 1755 à 1759. Comme les figures d’Oudry n’étaient que de simples croquis, souvent incorrects, il les fit redessiner par C.-N. Cochin pour les graveurs, le chargea de diriger ceux-ci et de corriger leurs épreuves .
    Les figures d’Oudry sont les plus grandes qui aient été jamais gravées par l’eau-forte et par le burin : elles ont 19 centimètres de hauteur et 14 centimètres de largeur. Pour en faire connaître la facture, nous en donnons quatorze réductions (hauteur, 14 centimètres ; largeur, 10 centimètres.
    Oudry excellait dans la peinture des animaux à laquelle il s’était particulièrement appliqué. Ainsi, dans le Lion devenu vieux, il a composé un groupe où figurent les principaux animaux de La Fontaine : le Taureau, se battant les flancs de sa queue, donne un coup de corne au Lion qui rugit de douleur ; le Cheval, après lui avoir lancé une ruade, repose son pied à terre; le Loup tient sa gueule ouverte pour donner un coup de dent; l’Âne avance la tête pour voir ce qu’il pourra faire à son tour.
    Pour les insectes et les petits animaux, Oudry s’est borné à remplir son cadre de motifs décoratifs ; dans la Cigale et la Fourmi, au lieu d’imiter Chauveau (figure 39), il place la scène sur une terrasse semblable à celle de Saint-Germain, y élève un beau vase sur un piédestal où deux enfants représentent Romulus et Rémus, puis attache à deux fûts de colonnes cannelées une tapisserie (dans le genre de celles qu’il faisait exécuter à la manufacture de Beauvais), où la Cigale s’approche de la Fourmi dans un bois touffu....

    L'Origine de la fable "La Cigale et la Fourmi, de La Fontaine "

    La Cigale et la Fourmi, et ses origines ?

    Pour écrire sa fable, hormis Esope,  de quel poète français Jean de La Fontaine s’est inspiré ?
    – Millot, Gueroult, Haudent, Patru, Corrozet, Du Fresne, Hégemon, Marie de France, Commire …? Avec les quelques éléments apportés ici, essayons d’y voir plus clair. Enfin peut-être ! Commençons par la fable d’Esope : de la Fourmi et de la Cigale :

    La Fourmi faisait sécher son froment qui avait contracté quelque humidité pendant l’hiver. La Cigale mourant de faim, lui demanda quelques grains pour subvenir à sa nécessité dans la disette où elle se trouvait. La Fourmi lui répondit durement qu’elle devait songer à amasser pendant l’été pour avoir de quoi vivre pendant l’hiver. » Je ne suis point oisive durant l’été, répliqua la Cigale, je passe tout ce temps-là à chanter. – Oh bien, repartit la Fourmi, puisque cela est ainsi, je vous conseille de danser maintenant ; vous méritez bien de mourir de faim. «
    Autre version
    » La Cigale et les Fourmis « – C’était en hiver ; leur grain étant mouillé, les fourmis le faisaient sécher. Une cigale qui avait faim leur demanda de quoi manger. Les fourmis lui dirent: « Pourquoi, pendant l’été, n’amassais-tu pas, toi aussi, des provisions? — Je n’en avais pas le temps, répondit la cigale : je chantais mélodieusement. » Les fourmis lui rirent au nez : « Eh bien ! dirent-elles, si tu chantais en été, danse en hiver. »
    Cette fable montre qu’en toute affaire il faut se garder de la négligence, si l’on veut éviter le chagrin et lé danger.
    Esope – VIIe-VIe siècle av. J.-C
     
    Selon Paul Lacroix : « Il n’est pas jusqu’à une mauvaise traduction anonyme d’un choix de fables d’Esope (sans nom de lieu et sans date, in-4° de 24 pages), que La Fontaine n’ait lue avec plaisir, puisqu’il paraît en avoir pris sa première fable, La Cigale et la Fourmi, qui ne l’avait pas enchantée dans la traduction de Pierre Millot, où elle est très-grossièrement rendue.
    Voici cette fable de Millot :
    La Cigale et les Fourmis
    Durant l’Hyver, les bleds estant tous mouïllez, les Fourmis les mettoient à l’air pour les secher. La Cigale qui mouroit de faim leur demandoit à manger; mais les Fourmis luy dirent : Pourquoy est-ce qu’en Esté tu ne recueïllois pas, dit-elle, mais je chantoise, Musique.
    Alors les Fourmis en se mocquant, luy dirent : si donc en Esté tu joüois de la fluste, danse durant l’Hyver.... lire la suite